Le monde de Shawei

Canta Gitano

Pekin, le 09 aout,

 

Le realisateur Tony Gatlif est le cineaste qui en France a sorti de l'oubli collectif le monde des gitans en lui consacrant la plupart de ses films : Latcho Drom, Gadjo DiloVengo.

 

Dans Latcho Drom, Tony Gatlif filme les gitans du monde entier, d'Inde en Europe, dans Gadjo Dilo il les filme en Roumanie et dans Vengo dans la mythique Andalousie espagnole.  

 

Le DVD de Vengo contient le premier court metrage de Tony Gatlif : Canta Gitano. C'est  peut-etre son film le plus emouvant car selon les dires memes du realisateur c'est un film militant. Images peu ordinaires, ce court metrage fictif montre les Gitans dans les camps de concentration de la deuxieme guerre mondiale chantant et dansant jusque dans la mort, leur vitalite artistique contrastant avec la froideur machinale des soldats nazis.  C'est que l'on a trop peu retenu dans l'histoire de la barbarie nazie que les victimes ne furent pas seulement juives. C'est pourquoi ces images de fiction nous ramene a la cruelle realite du monde gitan : celle de sa mort.

 

C'est au retour d'un voyage dans le Tibet historique que j'ai visionne ce court metrage. Lors de ma rencontre avec une autre culture nomade, celle des Tibetains, dont on mediatise en Occident bien plus souvent que la culture gitane la soi-disante extinction, j'ai souvent pense aux Gitans.  Le rapprochement n'est pas purement gratuit puisque les Gitans viennent originairement de cette partie du monde au nord de l'Inde.

 

Or il est faux de dire contrairement a ce que certains voudraient faire croire en Occident que la culture tibetaine est morte ou en train de mourir, du moins certainement pas au meme degre que ce qu'a subi la culture gitane. Cela est probablement du au fait que les Tibetains conserve un territoire inaccessible aux sedentaires, celui des montagnes himalayennes, le "toit du monde".

 

Ainsi en voyageant dans le Sichuan tibetain ou dans le Qinghai, province natale du Dalai Lama, l'on peut constater que des nomades continuent de vivre a l'ecart de toute modernite mondialisatrice. Les rencontrer m'ont mis en face d'une verite intense, celle de la vitalite d'une culture nomade qui n'a pas encore dit son dernier mot par rapport a la civilisation sedentaire.

 

Apres que le gouvernement chinois a etouffe la culture tibetaine depuis 1949 comme elle l'a fait pour l'ensemble de la culture chinoise, il semble changer son fusil d'epaule puisqu'on assiste aujourd'hui en Chine a une sorte de valorisation des cultures minoritaires, notamment la culture tibetaine, motivee il est vrai par de lucratives activites touristiques qui sont en plein essor.

 

Mais le tourisme ethnique ne vaut-il finalement pas mieux que l'extermination pure et simple de certains peuples perpetree par le regime nazi ?  

 

Le Tibet vit encore aujourd'hui, c'est cela le principal, et resiste davantage contre l'ennemi de la mondialisation uniformisante qui touche le monde entier que contre le soi-disant ennemi chinois.

 

Quant a l'independance du Tibet, c'est une question de toute facon complexe qui depend avant tout des Tibetains eux-memes. Mais j'ai comme l'impression que cette question suscitant tant de debats en Occident leur passe un peu au-dessus de la tete lorsqu'ils jouissent de leur pleine liberte nomade dans les montagnes tibetaines sans que personne puisse vraiment les chasser de leur terre sacree comme les Europeens ont pu le faire avec les Amerindiens. Les gitans ont peut etre fait l'erreur un jour de la quitter, par exces de nomadisme en quelque sorte...

 

 

Des Tibetains a cheval dans les prairies du Sichuan.

 

 



09/08/2006
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