Le monde de Shawei

Les années Covid en Chine ont développé le concept de “tang ping” 躺平, littéralement « s’allonger à plat » c’est-à-dire en gros « se la couler douce » dans un pays où auparavant la norme était de s’activer le plus possible dans tous les sens et à tout moment pour faire fortune le plus vite possible. Les manifestations concrètes de ce nouveau style de vie probablement renforcé par les confinements, sont la multiplication non seulement des cafés mais en particulier des cafés à chats. À Qingzhou, un café nous invite ainsi à « tang ping » en compagnie de leur 8 chats. Ce n’est pas propre à la campagne car j’ai constaté aussi l’existence des cafés à chats dans les centres commerciaux de grandes villes.

Le chat est ainsi sorti en Chine de sa condition d’animal sauvage détesté n’ayant même pas le droit de figurer dans le panthéon des 12 animaux de l’astrologie chinoise (sauf au Vietnam où 2023 est l’année du chat pas du lapin) pour devenir le parfait symbole de la « tangpingisation » des esprits : l’art noble et subtil de s’allonger appartient en effet aux chats.

Sous le Ciel post Covid de la République populaire de Chine, on pourrait presque ainsi se dire qu’on a 7 vies de chats pour s’accomplir tranquillement… si on considère qu’un chat vit une quinzaine d’années ça nous donne une bonne centaine d’année devant nous… cependant la phase actuelle de ralentissement de l’économie chinoise ne durera sûrement pas aussi longtemps et nul doute qu’il va falloir s’activer rapidement à nouveau avec la fin de la politique zéro Covid. La mode des cafés à chats est en tout cas loin de me déplaire dans ma phase de réaclimatisation estivale à l’empire du milieu dans une sorte de dolce vita à la chinoise !