Le monde de Shawei

Fragments et fils jour 2 : Sens du confinement.

Confinement en France après 20 ans de Chine

 

Cette deuxième journée a été une occasion pour moi de réfléchir à la notion de confinement en me disant qu’elle pouvait s’appliquer à tout. Confiner dans son sens concret signifie toucher aux confins d’un pays : les terres qui confinent à la forêt (forme intransitive) ou reléguer dans un certain lieu : on confine quelqu’un dans un bureau, on se confine au fond d’une province, on se confine dans la solitude (forme transitive) ; dans son sens figuré cela signifie toucher à, être voisin de, être très proche de (forme intransitive) ou cantonner à, enfermer dans une caractéristique ou une fonction, par exemple un acteur toujours confiné dans un même rôle (forme transitive) (https://fr.wiktionary.org/wiki/confiner).

 

Ainsi nous voilà tous relégués, de façon plus ou moins choisie selon l’anticipation que chaque individu a pu avoir sur la situation, dans un lieu de confinement, seul ou dans un groupe de confinement. Me concernant j’ai l’impression de vivre l’idéal chinois de 4 générations sous un même toit avec mon fils, ma femme et mes parents. Sauf que dans un contexte culturel français cet idéal se frotte à bien des difficultés interculturelles… Il est d’ailleurs intéressant d’observer que le confinement en Chine en février a permis à des parents de redécouvrir leurs enfants habituellement confiés à leurs grands-parents et même à des couples de se réunir à nouveau : pour le meilleur… avec une possible future hausse de la natalité… ou le pire… je lisais un article parlant de l’augmentation du nombre des divorces en Chine après le confinement… La dimension émotionnelle du confinement est donc essentielle.

 

En fait je me dis que c’est une formidable opportunité de se reconnecter avec soi-même ou avec ses proches. Me voilà soudainement confiné à mon triple rôle de père, de mari, de fils… Heureusement il y a internet pour s’échapper du confinement… mais le web est devenu avec la pandémie une source anxiogène nous plongeant en pleine infobésité et nous empêchant justement de nous connecter avec ce à quoi nous sommes confinés : nous-mêmes, nos proches et la campagne angevine en ce qui me concerne… J’ai donc établi aujourd’hui un principe de confinement numérique en fermant certains groupes de discussion provoquant une surcharge mentale ou ne fonctionnant pas bien et en tentant de limiter mon temps passé sur Facebook ou autre réseaux sociaux.

 

Il est essentiel aussi de se confiner à sa santé. C’est impressionnant de voir tous les coureurs qui parcourent désormais les campagnes et les villes à la fois comme une pratique de santé et comme pratique de liberté autorisée. J’ai donc couru jusqu’au bourg de Soulaire muni de mon attestation de déplacement. La seule épicerie de la commune a les portes grandes ouvertes pour éviter un espace trop confiné… On peut y commander des produits alimentaires me dit l’épicier, c’est une bonne alternative aux courses dans les supermarchés où l’on voit des gens, encore inconscients de la contagiosité du COVID-19, se taper la discussion aux fruits et légumes comme si le supermarché se substituait au café du coin… On est bien dans un pays latin... L’épicerie de Soulaire s’appelle le Mag Dakoté avec comme slogan « la proximité à votre service », voilà qui est bien ironique dans ce confinement où l’on maintient la distance avec son prochain… Léo Ferré disait « quand je vois un couple dans la rue, je change de trottoir ! » Je me suis surpris aujourd’hui à changer de trottoir quand j’ai vu arriver en face de moi un père avec ses deux enfants se rendant au Mag Dakoté…

 

COVID-19 : l’éloignement à votre service !

 

Mag Dakoté.jpeg

 

Jour 1 : attestation de déplacement.

 

Jour 3 : visite du facteur.

 

Fragments et fils aux Editions Pacifica



18/03/2020
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