Le monde de Shawei

Fragments et fils jour 1 : Attestation de déplacement.

Confinement en France après 20 ans de Chine

 

J’ai utilisé aujourd’hui ma première attestation de déplacement dérogatoire pour me rendre à la poste devant envoyer à la préfecture une demande de prolongation de visa pour ma femme et mon fils. Sous un soleil printanier je remarque un calme inhabituel au niveau du passage de voitures sur la route qui mène de Soulaire à Cantenay Epinard. On voit cependant quelques coureurs comme si le COVID-19 avait donné une nouvelle motivation pour le jogging. Cherchant un bureau de poste ouvert je dois aller jusqu’à Avrillé. Je croise une fourgonnette de gendarmes à Feneu mais ils me laissent continuer ma route. Arrivant à la poste d’Avrillé et sortant de ma voiture des enfants s’enfuient à la vue de mon masque. Les employés de la poste n’ont pas de masque mais portent des gants. L’une d’elle me dit tout de suite de respecter la distance pour faire la queue pensant peut-être que mon masque indique un signe de contamination. Je vois une annonce sur la suspension des envois vers la Chine que je ne m’explique pas : je pensais qu’on suspectait plutôt les colis venant de Chine… Une fois mon courrier envoyé, je souhaite bon courage aux postières.

 

Je passe ensuite à la boulangerie, là pas de surprise avec mon masque, la boulangère est aussi masquée… Elle anticipe pour me dire de faire le paiement sans contact avec ma carte : cet élément rare de technologie, si on compare à la Chine, rassure. Je note sur une affiche que les enfants ne sont pas les bienvenus dans la boulangerie, c’est vrai que les enfants sont devenus de super contaminateurs innocents. Peu de monde dans les rues d’Avrillé, je me dis que c’est étrange de voir l’Anjou comme cela.

 

Je remonte dans ma voiture en désinfectant ce que je peux avec de l’alcool médical acheté hier dans une pharmacie de Tiercé. A un carrefour de Montreuil-Juigné, je vois enfin des gendarmes arrêtant les voitures. Je m’empresse de saisir mon attestation pour la montrer à un gendarme non masqué qui me demande avec un visage très compatissant : « vous rentrez du travail ? ». J’essaie de lui expliquer mon histoire de courrier à la préfecture mais il me laisse tout de suite passer.

 

Me voilà rentré dans mon espace de confinement s’apparentant à un petit paradis en comparaison de ceux qui sont cloitrés dans un appartement en ville ; je me dis même que je pourrais rendre visite à mon ami Olivier Chouteau à la Bérodière en marchant à travers champs et en passant par le château du Plessis-Bourré.. Mon fils apprend à faire du vélo sur la voie sans issue qui conduit à notre longère. Je me connecte sur le web qui donne quand même plus d’informations que le JT de 20h. Voilà, nous avons le premier mort au CHU d’Angers de la guerre annoncée par Macron hier soir : un homme de 92 ans. Il parait que la vague de contamination arrive cette semaine dans la région des Pays de la Loire relativement épargnée jusqu’ici… Comment croire à un confinement de seulement 15 jours ?

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Jour 2 : sens du confinement.

 

Fragments et fils aux éditions Pacifica



17/03/2020
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